Jean Cocteau en Egypte.

A la rencontre de Jean Cocteau, l’inclassable, le génial touche à tout, l’artiste : d’abord poète dont l’écriture s’essaya au roman, au théâtre, au cinéma. Par deux fois, l’écrivain s’est rendu en Egypte : en 1936 et en 1949. Quelle découverte fit-il de cet orient égyptien ?

Avec d’autres, il a inventé une forme de roman qu’il appelait lui-même « sa poésie de roman » : éloignée du modèle balzacien. Il connut son premier grand succès avec Les enfants terribles, publié en 1929.

Peintre, dessinateur, il travailla également avec les musiciens Erik Satie et Darius Millaud.

Les années 30, ont été pour lui une période d’intense créativité liée à l’univers du théâtre où il occupa une grand place. Il écrit Les Mariés de la tour Eiffel (1924), en 1930 ce fut La Voix humaine, puis La Machine infernale (1934), et Les Parents terribles en 1938.

Quel voyageur était Cocteau ?

Quel regard posait-il sur l’Egypte ?

Jean Cocteau séjourna en Egypte en 1936 et en 1949.

Ses voyages lui inspirèrent des textes. Un récit -Mon premier voyage en 1936- et un journal -Maalesh en 1949.

Ahmed Youssef, écrivain et journaliste, présente au micro de Canal Académie la figure de Cocteau l’Egyptien, reprenant ainsi le titre de son ouvrage qu’il a publié en 2001.

Jean Cocteau fut élu à l’Académie française le 3 mars 1955 au fauteuil de Jérôme Tharaud. Reçu le 20 octobre 1955 par André Maurois, Cocteau décrivait la Coupole comme « quelque grotte sous-marine, une lumière quasi surnaturelle d’aquarium et sur des gradins en demi-cercle, quarante sirènes à queues vertes et à voix mélodieuses ».

Retrouvez en fin d’émission, la lecture d’un extrait de Maalesh de Jean Cocteau.
« ...à la douane. J’y retrouve les cris, la bousculade, le désordre des peuples méditerranéens. Les valises qui se perdent, se retrouvent, voltigent. On devine que les anges puissants nous survolent. La douane interminable en Egypte, ne dure que quelques minutes. Nous nous retrouvons dehors au soleil, nous perdant, nous groupant, nous reperdant, nous regroupant, jusqu’à ce qu’une des voitures de Mohammed Wahid-el Din nous emporte. Elle est conduite par son secrétaire Carullo.
De cette minute, la voiture de Wahid et de son secrétaire seront des nôtres. Il devinera nos moindres démarches. Nous aurons beau dissimuler nos entreprises, voiture et secrétaire se trouveront toujours à notre service.
Les voitures d’Egypte sont magnifiques et puissantes. Du moins elles expriment la puissance de l’Egypte, car elle ne peut en faire usage. Sauf la route des pyramides, l’autostrade reliant le Caire à Alexandrie bétonné par la Shell et la route du Caire à Fayoum, il n’existe pas de routes.
La première chose qui frappe de la voiture, c’est le mélange d’un luxe et d’une misère aussi extrêmes l’un que l’autre. Mais si le luxe manque parfois d’élégance, la misère affiche la sienne. Sur le trottoir, au bord des zones construites en boue, sur les ponts, sur les charettes-taxis où s’entassent les femmes drappées de noir, les longues chemises sales, les cache-nez enroulés autour de la tête, les pieds nus, les démarches, les hautes nuques sombres sont d’une noblesse, d’une richesse qu’aucun costume de théâtre n’égale. Ce peuple qui flâne et qui dort dans la poussière, adopte, par mimétisme, les teintes inimitables du sable, du ciel, de l’eau du Nil. Faite pour la paresse et la mort, plus longue et plus sûre que la vie, cette race que le café, le hachich et le thé noir énervent, se partage entre une activité de cour de collège et la petite mort du sommeil. Les klaxons n’arrêtent pas. Les chauffeurs klaxonnent sans motif, comme un enfant joue de la trompette. De ma chambre d’hôtel, c’est un extraodinaire vacarme de klaxons, un vacarme de toutes les couleurs. (le vacarme de marseille). »

Bibilographie Ahmed Youssef, Cocteau l’Egyptien, Edition du Rocher, 2001.

 

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