Temple de Kasr El Agouz

Ce temple de Thot s'ouvre à vous !

Temple de Kasr El Agouz

Ce petit temple ptolémaïque est situé sur la rive ouest de Louxor, après Medinet Habou, sur la gauche en direction de Malgatta. Il est très "discret", partiellement caché par un mur  dont la grille a été fermée pendant longtemps. Nettoyé au cours des dernières années, il vient d'ouvrir au public. Il est désormais accessible avec le billet d'entrée au temple de Medinet Habou.

Voici la présentation qu'en fait Jollois dans la "Description de l'Egypte" : "Ce petit temple, si l'on en juge par son étendue, est de peu d'importance. Il n'a point été terminé, ce qu'annoncent évidemment son portique à peine dégrossi et ses murs sans ornements; mais il mérite d'être observé, parce que, renfermant des sculptures entièrement achevées et d'autres qui ne sont qu'ébauchées, il présente les différents degrés du travail des artistes égyptiens dans l'exécution des bas-reliefs."

Le temple a été étudié par l'IFAO une première fois en 1909. Puis, l'institut a repris ses études en 2000, en collaboration avec Claude Traunecker et Annie Schweitzer de l'Université Marc Bloc de Strasbourg et le CSA.

Dédié à Thot Ibis, maître des paroles divines, il a été édifié sous Ptolémée VIII Evergète II.

Dans une interview donnée à Al-Ahram online, Mohamed Beabesh, inspecteur des antiquités de la West Bank de Louxor, précise que l'architecture du temple est intacte, mais que les décorations ont grandement souffert à cause d'un taux important d'humidité et de l'érosion. Il relève également que les scènes du temple sont peintes et non sculptées, ce qui est très rare à l'époque ptolémaïque. Il explique cela par le fait que le temple n'a pas été terminé."

L'intérieur est composé de trois salles. Seuls les murs de deux d'entre elles sont recouverts de scènes peintes. Des déesses et des dieux accompagnent Thot, le dieu à tête d'Ibis. On trouve des représentations de Ptolémée, Evergète et Cléopâtre et plus curieusement, d'Imhotep et d'Amenhotep fils d'Hapou.

Le château de la vieille (kasr el agouz) : un "nouveau" temple à découvrir !

Texte de Marie Grillot

Un peu d'histoire

Mais, qui a entendu parler de ce modeste monument se situant à près de 200 m du temple de Médinet Habou ? Situé à la lisière du désert, il est caché par la dernière cafétéria qu'il faut longer par la droite, dépasser quelques maisons, pour atteindre la porte à claire-voie qui laisse entrevoir le petit édifice consacré entièrement à Thot.
Construit par Ptolémée VIII Evergète II, il est orienté vers le Nil, si bien qu'il faut le contourner par le déambulatoire, pour pénétrer, par une porte sur le côté, dans le pronaos à ciel ouvert. Il comporte trois petites salles barlongues, éclairées par des soupiraux. L'antichambre, qui n'est pas décorée, a perdu une dalle de son toit.
La restauration de la salle des offrandes étant terminée, on peut admirer les scènes peintes, principalement en rouge, ce qui est nettement plus beau que les scènes sculptées de l'Epoque ptolémaïque. Thot, ibiocéphale, porte sur la tête, soit le croissant avec le disque lunaire, soit la couronne-hemhem, soit la couronne-atef. Je ne m'étendrais pas sur les deux épithètes que porte Thot en ce lieu, mais il est souvent indiqué qu'il est dans la place sacrée de Djêmé, l'espace où résident les dieux ancêtres. Ceci étant écrit à plusieurs reprises, il sera facile de reconnaître dans les hiéroglyphes Iat dja-mout, ce qui signifie « butte de Djêmé » Les scènes d'offrandes sont les scènes habituelles du roi qui présente quelque chose à la divinité. Lorsqu'il est suivi de la reine, vous avez Cléopâtre II au sud et Cléopâtre III au nord, deux femmes au même nom qu'il épousa successivement. La répartition des reines se fait par rapport à prédominance du Sud par rapport au Nord en Egypte ancienne. Les offrandes convergent vers l'axe du temple. Le décor des murs montrent deux registres, où les divinités sont debout au registre supérieur et assises sur les scènes au-dessus du soubassement. Chaque mur se termine par une frise de cobras encadrant un cartouche.

Le temple de Qasr el- Agoûz

Photo ci-dessus : Ptolémée VIII suivie de Cléopâtre III fait une offrande de couronne à Thot et à une déesse de Djêmé.

Dans le sanctuaire, nous retrouvons des scènes gravées en bas-reliefs, peints à l'origine, car il y a des traces de peinture rouge. Cette pièce a davantage subi les outrages du temps d'autant que cet édifice a été une église à l'époque copte. On peut, cependant se rendre compte, que dans cette pièce, les divinités sont assises au registre supérieur et qu'elles sont debout sur le registre du dessous. Juste en face, sur le mur ouest, sous la scène d'offrande du collier large et des deux miroirs, une scène représente les dieux primordiaux, les scènes du centre avec le dieu Amon sont très endommagées, et à la scène qui vient ensuite, montre à nouveau des dieux primordiaux
Dans cette salle, il reste des scènes du culte dynastique comme le montre les scènes situées de part et d'autre de la porte : d'un côté avec, à notre droite une adoration à Ptolémée II Philadelphe et Arsinoé II ; puis, de l'encens à Ptolémée III Evergète I avec Bérénice II. De l'autre côté la photo.

Le temple de Qasr el- Agoûz

Sur la photo ci-dessus : à gauche, une offrande de vin à Ptolémée IV Philopator et Arsinoë III ; à droite, une libation est faite à Ptolémée V Epiphane et Cléopâtre I. Dessous la scène est très endommagée : Thot, suivi d'Harsiésis et de Nephthys, inscrit le nombre d'années à un pharaon.

Ce petit temple n'a certes pas la beauté des temples du Nouvel Empire, mais il mérite d'être vu ne serait que pour qu'il sorte de l'oubli, puisque les guides touristiques ne parlent pratiquement jamais de lui, et de plus, R. Wilkinson, qui a fait le recensement des temples de l'ancienne Egypte, l'a totalement oublié[1].

Texte et photos : Séchette (scribe) Marie-Françoise

Bibliographie :
Cl. Traunecher, Le temple de Qasr el Agoûz dans la nécropole thébaine, ou Ptolémées et savants thébains, BSFE, n° 174, juin 2009, Paris 2009. P.29-69

Y. Volokhine, Le dieu Thot au Qasr el-Agoûz, BIFAO 102, Le Caire 2002, p. 405-423

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